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Etats-Unis La France défend ses ventes de foie gras et jambons

Le gouvernement français, soutenu par Bruxelles, a contesté la décision américaine de suspendre pour raisons sanitaires ses importations - modestes - de foie gras et de charcuteries françaises, prenant la défense des producteurs, qui réclament des compensations.

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Dès qu'il a pris connaissance de la décision américaine, qu'il considère "injustifiée", le ministre de l'Agriculture Hervé Gaymard a dépêché dès lundi une mission "de haut niveau" à Washington, mais en vain. "Les Américains avaient déjà pris leur décision, la messe était dite", a indiqué le ministre mercredi, dédramatisant cependant l'affaire en indiquant que "la France n'était pas désignée comme cible particulière". Il a dit "rester en contact avec les autorités américaines pour les faire revenir" sur leur décision.

Le porte-parole du gouvernement Jean-François Copé a espéré mercredi une "reprise la plus rapide et la plus large possible" de ces exportations, et en soulignant que "la France ne partage ni les constats effectués par les autorités américaines ni les conclusions" qu'elles en ont tirées.

C'est à l'issue d'une mission d'inspection des services vétérinaires américains chez les producteurs français début février que les Etats-Unis ont suspendu les importations de ces produits, condamnant en bloc les onze entreprises agréees. Les autorités américaines ont évoqué une "déficience du système de contrôle par rapport à leur système" alors qu'il y a "100 fois plus de morts d'intoxication alimentaire aux Etats-Unis qu'en Europe", a lancé M. Gaymard.

Alors que les tracas sanitaires frappent souvent tel ou tel exportateur, une mesure contre tout un secteur est inhabituelle. Les arguments sanitaires, qui se sont multipliés avec les différentes épidémies (SRAS, grippe aviaire, vache folle), constituent aussi parfois un protectionnisme déguisé, tout comme les normes techniques.

Bruxelles a soutenu Paris, en "regrettant" officiellement la décision américaine et en indiquant que la Commission aura un "rôle "d'assistance" à la France dans cette affaire. La Commission a souligné qu'il est courant que des établissements agro-alimentaires précis dans l'UE perdent leur licence pour exporter aux Etats-Unis ou dans un autre pays, de même qu'il est courant que l'UE retire son agrément à tel ou tel établissement dans un pays tiers, mais que le retrait de l'agrément à tous les établissements d'un même pays "n'arrive pas souvent".

Les exportations françaises de foie gras et de charcuteries vers les Etats-Unis sont modestes. Selon les professionnels, sur les 18.000 tonnes de foie gras français, seules 123 tonnes sont expédiées aux Etats-Unis, et sur les 1,25 million de tonnes de charcuteries hexagonales, 300 à 500 tonnes seulement y sont vendues - une bagatelle par rapport aux jambons italiens.

Pourtant le Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog) a demandé mercredi aux pouvoirs publics français et communautaires "des mesures de toute urgence" et demandé des compensations pour un préjudice qu'il estime à "plus de 4 millions d'euros". Les producteurs crient au complot. "Les Américains nous avaient déjà porté un coup sérieux, en appliquant depuis 1999 des droits de douane à 100% sur certains produits français dont le foie gras, suite aux mesures prises contre le boeuf aux hormones par l'UE", a déclaré à l'AFP, Vincent Truelle, co-directeur du Cifog (Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras).

"Ce n'est pas pour des raisons sanitaires que les Américains ferment leurs frontières à nos produits. Ils ont tout juste recensé des défauts d'écriture, les raisons profondes sont ailleurs", a ajouté M. Truelle, en envisageant une procédure auprès de l'OMC.


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